Ogm en Europe et en France L’étude du Criigen sonnera-t-elle leur interdiction définitive?
L'étude du Criigen ouvre assurément un nouveau chapitre du débat passionnel sur les Ogm. Elle pourrait sonner leur interdiction définitive en Europe et en France.
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L’étude du Pr Gilles-Eric Séralini met sur la sellette les deux seules cultures Ogm autorisées en Europe : le maïs M810 de Monsanto et la pomme de terre Amflora de Basf. (© Terre-net Média) |
Depuis l’annonce très médiatique des résultats d’une étude menée pendant deux ans par le Criigen sur le maïs Ogm NK603 du semencier Monsanto, les réactions fusent. Si la firme américaine attend d’évaluer elle-même l’étude française avant de « faire un commentaire sérieux », les syndicats agricoles n’ont pas tardé à réagir.
«Si l'étude était validée, ça voudrait dire qu'on sert de cobaye, a expliqué François Lucas, président de l’Opg, la branche céréalière de la Coordination rurale. Il s'agirait d'un grave problème de santé publique et d'une mise en cause des procédures de validation française et européenne d'importation. » « La question n'est pas tant celle des maïs Ogm que la présence de résidus de Roundup dont on a toujours assuré qu'il détruit tout ce qu'il touche »,a-t-il poursuivi.
Nouvel argument pour un « plan protéines », selon la CP
A la Fnsea, Christiane Lambert, vice-présidente du syndicat, a rappelé que « la France ne cultive aucun Ogm à des fins de commercialisation mais importe, via l'Europe, du soja et du maïs transgéniques pour ses élevages ». La Fnsea, a-t-elle souligné, « s'en remet à l'avis scientifique du Haut conseil des biotechnologies », chargé en France de l'évaluation des organismes génétiquement modifiés. « Nous, on sait ce qu'on produit mais nous avons besoin de transparence et nous suivrons de près » l'évolution de la situation, a ajouté la responsable syndicale.
« Les grains de maïs Ogm consommés en France pour l’alimentation du bétail sont importés en très faible quantité du continent américain, poursuit-on à la CR qui veut rassurer l’opinion publique. La principale consommation d’Ogm en France se fait à travers les importations de soja », tempère aussi le syndicat.
Pour la Confédération paysanne, « l’étude conforte la justesse des alertes fréquentes et les dénonciations d’un système basé sur les Ogm. Elle remet en évidence la nécessité et l’urgence de mettre en place une nouvelle politique d’autonomie protéique, à travers un "plan protéines" ambitieux à l’échelle européenne.»
Vers une révision des procédures d’homologation des Ogm
Outre les associations environnementales telles que Greenpeace et Fne appelant à revoir d’urgence les protocoles d’évaluation des Ogm, le gouvernement n’a pas tardé non plus à réagir et à prendre les premières décisions.
Ainsi, Stéphane Le Foll a saisi l’Anses, l’agence nationale de sécurité sanitaire, qui va « engager immédiatement l'analyse de cette nouvelle étude et en auditionnera, si besoin les auteurs ». « En fonction de l'avis de l'Anses, le gouvernement demandera aux autorités européennes de prendre toutes les mesures nécessaires (...), mesures qui pourront aller jusqu'à suspendre en urgence l'autorisation d'importation dans l'Union européenne du maïs NK 603 », précise-ton au ministère de l’Agriculture.
« Les réactions hostiles à notre étude de la part des pro-Ogm, avec des arguments sans fondement, relève de la pure mauvaise foi ! » Nicolas Defarge, doctorant au Criigen ayant participé à l'étude. Retrouvez prochainement l'interview vidéo de Nicolas Defarge, qui répond aux détracteurs de l'étude du Pr Gilles-Eric Séralini. |
Le Pr Gilles-Eric Séralini bientôt auditionné à l’Assemblée nationale
Surtout, l’étude du Pr Gilles-Eric Séralini met sur la sellette les deux seules cultures Ogm autorisées en Europe : le maïs M810 de Monsanto et la pomme de terre Amflora de Basf. A Bruxelles, la Commission européenne a annoncé le gel de l'examen de la demande de renouvellement de l'autorisation de culture accordée à Monsanto pour le Mon810, en attendant l'avis de l'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa), également saisie pour évaluer l'étude.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, applaudit cette décision, et appelle à une « réforme profonde » des procédures d'homologation des cultures génétiquement modifiées dans l'UE afin de les rendre « beaucoup plus strictes ».
La révision des homologations pourrait constituer un premier pas vers une interdiction définitive de la production d’Ogm en France, et pourquoi pas en Europe. L’étude donne en tout cas un argument de poids aux élus politiques français pour interdire toute production d’Ogm dans l’Hexagone.
En attendant les analyses approfondies de l’Anses et du Haut conseil des biotechnologies, lui aussi saisi, plusieurs commissions parlementaires à l’Assemblée nationale auditionneront l’auteur de l’étude dans les prochains jours.
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